Moi j'aime la rando...

...C'est ce que je mes dis à chaque fois que je regarde un super reportage télévisé sur des fous furieux qui partent pendant des mois avec un sac à dos et des barres de céréales. Mais concrètement je n'étais jamais partie très longtemps sur les chemins caillouteux, dans les pentes abruptes, sous une pluie torrentielle, avec ma bouffe pour trois jours et les chaussures de rando de maman, une taille en dessous de la mienne.

Et bien c'est ce que j'ai fais en compagnie de trois autres wariors de la vie.



Départ Lundi matin prévu à 7h. Le sac de rando gonflé à bloc de boites de pâté, de gâteaux apéro/fruits secs et de plusieurs litres d'eau nous démarrons en direction du cirque de Mafate.



Les cirques de la réunion sont le resultats des différentes eruptions du piton des neiges (plus en activité) et du piton de la fournaise (encore en activité, d'ailleurs on va potentielleement avoir une nouvelle eruption prochainement donc je me prépare à une balade aux flambeaux le long des coulées de lave - et oui c'est la classe la réunion). Le cirque de Mafate est le moins déservi par le reseau routier, on peut même dire qu'il ne l'est pas du tout. Du coup, vouloir aller boire une binouze dans un des petits villages qui se nichent dans cet écrin de verdure est de l'ordre du suicide musculaire pour les asportifs dans mon genre. Mais qu'importe, je tente l'exploit.



Au programme:

Col des boeufs - Plaine des Tamarins - La Nouvelle - Roche Plate.

Roche Plate - Trois Roches - Marla

Marla - Col des Boeufs



Au départ du col des bœufs les nuages sont bien présents. C'est la lose. Marcher dans une purée de pois pendant près de 7 heures est une perspective peu alléchante, surtout dans ce contexte où nous ne profitons pas du paysage. Et il faut bien avouer que c'est pas tellement pour le plaisir de se détruire les jambes que nous avons entrepris cet exploit mais plutôt pour les vues à couper le souffle.



Col des boeufs. Brouillard, pluie, froid. Plus propice à une bonne raclette entre potes qu'à un parcours du combattant dans la montagne.



La Plaines tamarins. Une ambiance digne du seigneur des anneaux avec des arbres très bas, un sol à la limite du paspalpable (mousseux), une ambiance elphique. Et quatre hobbits.



La Nouvelle. Le village le plus développé du cirque de Mafate: des chiottes publiques infréquentables, des bruits de générateur en permanence et des fleurs des champs entre les bouses.

Ce qui m'emmène à préciser qu'à Mafate, à cause de l'absence de route, la vie est somme toute difficile. Tout est livré par hélico (chaque maison ou presque a son parking à ... hélico. L'allu totale), le facteur se fait une rando de 4 jours pour distribuer le courrier toutes les deux semaines, l'électricité est fournie par les panneaux solaires et l'eau est puisée aux sources voisines. Une bouteille coûte 3,5€ justifiés par les 28€/mn d'hélico qui sont nécéssaires pour les ammener sur place. A ce prix là je préfère avoir un tourista pendant une nuit et boire à la source que de payer 15€ pour toute l'eau que je vais transpirer pendant mes trois jours de calavaire....



Pause pluvieuse à la Nouvelle et direction le hameau de Roche Plate par la route de Mafate.

En réalité Mafate en tant que village n'existe plus contrairement aux villages de Cilaos et Salazie dans les cirques du même nom. Autrefois Mafate (le village) était célèbre pour ses sources sulfureuses où les riches venaient faire des cures thermales. Evidemment ils se tapaient pas la montée à pied mais à dos d'âne (les pauvres) ou en litière (encore pire). Une coulée de boue suite à un cyclone a recouvert la source et endommagé les installations ce qui a provoqué le départ des habitants vers le littoral. Il ne reste plus rien du village de Mafate.

La descente vers Roche Plate (qui n'était pas qu'une descente mais on s'est fait eu sur la marchandise) a continué dans les nuages jusqu'à l'apparition furtive de quelques sommets et du fond de la vallée creusée par la rivière des galets.



On ne fait que descendre depuis 6h que l'on marche et les filles (naïves) espèrent que le village de Roche plate sera dans la vallée. Mais non. Après les 1200m de dénivelés que nous avons descendus il faut en remonter 1200 autres dans l'autre sens.



Une heure et demi de montée plus tard nous arrivons au village de roche plate.



Nous sommes accueillis au gîte par un mafatais pure souche qui se tapait 4h de marche aller retour pour travailler pendant douze ans en tant que restaurateur dans un restau au Maïdo. Un peu indépendantiste sur les bords il nous la joue rebelle en nous offrant un rhum/chocolat et un carry de boucané à couper le souffle. La vue de son gîte aussi est à couper le souffle.



Départ le lendemain pour les 11,2km qui nous séparent du village de Marla



Passage par Trois roches, qui est concrètement une cascade au dessus de laquelle trois enormes roches sont posées. On se sent un peu comme des fourmis au milieu d'un jeu de billes dans une court de récré =)



A Marla on se la boit enfin cette binouze, après 5h et quelques de marche par monts et par vaux.



A Marla, stage en Nouvelle Calédonie oblige on fait un détour pour observer les élevages de cerfs rusa =)



Marla - Col des boeufs se fait sous un soleil de plomb mais nos muscles fatigués et nos esprits brumeux se focalisent sur notre mission: arriver assez tôt à destination pour se faire un gros Mac Do à Saint Denis sur le retour. Oui, le retour à la civilisation va être violent.